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Risque bactérien dans les transfusions de plaquettes pour les receveurs
Actualité du don de sang et de la transfusion
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Risque bactérien dans les transfusions de plaquettes

Afin de réduire le risque d’accident bactérien chez le receveur, la mise en culture d’un prélèvement réalisé au moment du don permet de détecter une possible infection bactérienne chez un donneur lors d’un don de plaquettes. L’impact de cette pratique reste encore mal connu du point de vue du risque résiduel.

Fuller et al. ont publié une étude sur ce sujet montrant que le risque infectieux n’est pas totalement éliminé après culture (Fuller et al. Bacterial culture reduces but does not eliminate the risk of septic transfusion reactions to single-donor platelets. Transfusion 2009; 49: 2588- 93). L’American Association of Blood Banks a, depuis le 1 er mars 2004, exigé des centres de transfusion la mise en place de méthodes pour limiter et détecter les contaminations bactériennes dans les produits plaquettaires.

Les auteurs rapportent une expérience de 3 ans et demi (mars 2004-août 2007) sur un seul centre. Les échantillons sont cultivés en flacon aérobie de 24 à 36 heures après le prélèvement dans un système de détection (BacT/ALERT). Les échantillons sont incubés au maximum jusqu’à 12 heures avant l’étiquetage et la libération du produit. La culture est poursuivie jusqu’à 5 jours après le prélèvement initial. Afin d’augmenter la sensibilité, le volume de l’échantillon mis en culture est passé de 4 à 8 mL en décembre 2006. Le nombre de transfusion a été établi et les effets indésirables transfusionnels ont été recensés. Une coloration de GRAM et une culture ont été réalisée sur le produit résiduel ou le perfuseur.

La réaction fébrile a été définie. Elle correspond à une augmentation de température de 1° C dans l’heure de la transfusion ou la survenue de frissons dans l’heure de la transfusion pour les patients sous thérapeutique antibiotique ou anti-pyrétique. Les incidents septiques transfusionnels correspondent à une réaction hyperthermique avec symptômes et à l’identification du même microorganisme dans deux des trois sources suivantes : la coloration de Gram sur le produit au moment de la réaction, la culture du produit au moment de la réaction ou les hémocultures réalisées chez le patient après la réaction.

Sur la période étudiée, 49625 concentré plaquettaires d’aphérèse ont été transfusés à 5701 patients dont la majorité ( 70 %) était porteuse de pathologies hématologiques et de tumeurs. Un total de 1096 effets indésirables possibles a été collecté. Ces effets se répartissaient en 70 % de réactions allergiques, 26 % avec présence d’hyperthermie et 4 % d’autres réactions (surcharge volémique, TRALI, réactions atypiques).

Les produits de ces 1096 réactions indésirables ont été mis en culture et dans 20 cas, un microorganisme a été isolé, soit par la coloration, soit par la culture. Dans un seul cas, suite à une réaction fébrile chez le receveur, le même microorganisme a été isolé dans deux des trois sources : cocci Gram positif à la coloration, Staphylococcus coagulase négatif à la culture à 24 heures. L’incidence d’incident septique post-transfusionnel est de 1 sur 49625 ( 2,0 pour 100000), soit une réduction d’incidence de 69,7 % avec la mise en route du dépistage bactérien ( 6,6 pour 100000 antérieurement). Le produit était âgé de 5 jours. Le patient est décédé plusieurs jours plus tard de sa leucémie réfractaire et d’autres complications. Une partie de ce produit avait été transfusée à une fillette de 8 mois traitée pour une infection à Streptococcus pneumoniae par une bi-antibiothérapie (meropenem et vancomycin). Des hémocultures réalisées chez l’enfant, qui n’avait pas présenté d’effet indésirable transfusionnel, ont mis en évidence un Staphylococcus coagulase négatif à 5 jours avec un profil de sensibilité compatible avec celui du microorganisme isolé dans l’incident receveur.

Seul un cas satisfaisait aux critères d’incident septique transfusionnel. Pour les 19 autres cas avec culture bactérienne positive sur le produit, il a été considéré qu’il s’agissait de contaminations post-transfusionnelles liées au processus. Sur 6 de ces 19 cas, un deuxième produit issu du don initial incriminé a été transfusé. La coloration de Gram et la culture du produit ont été trouvées négatives.

Cette étude montre que malgré la mise ne place d’une culture bactérienne réalisée pour contrôler les concentrés de plaquettes d’aphérèse, des infections imputables à la transfusion peuvent encore survenir. Les auteurs observent un effet bénéfique de cette pratique, mais considèrent que pour établir l’efficacité de ce dépistage habituel, un suivi plus long sera nécessaire.