Laurent G. Glance a analysé le lien pouvant exister entre les transfusions de concentrés de globules rouges (CGR) en pré-opératoire et les complications post-opératoires en chirugie non cardiaque et hors contexte de chirurgie urgente. Cette étude porte sur plus de 10 000 patients provenant de la base de données de l’American College of Surgeons National Surgical Quality Improvement (AC NSQIP).
Le but de la transfusion pré-opératoire est de s’affranchir des effets confondants d’une transfusion plus importante, voire massive avec les perturbations hémodynamiques et l’importance des pertes sanguines qui s’y rattachent pour la survenue de complications « attribuables » à cette transfusion. Les effets de la transfusion propres peuvent être ainsi analysés au mieux.
Il faut savoir que l’anémie préopératoire et la transfusion homologue de concentrés de globules rouges (CGR) sont toutes 2 associées de façon indépendante à une augmentation de la mortalité et de la morbidité postopératoires avec en particulier un risque accru d’infections, de complications pulmonaires et rénales, d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et de prolongation de la durée d’hospitalisation. La part respective à l’origine de ces complications de l’anémie et de la transfusion, parfois dans un contexte d’instabilité hémodynamique, n’est pas toujours aisée à déterminer.
Les critères principaux de jugement de ce travail sont la mortalité et les complications à 30 jours après l’intervention en ayant identifié à priori les complications à répertorier, les principales d’entre elles étant : cardiaques (arrêt cardiaque, infarctus), pulmonaires (pneumonie, ventilation assistée de plus de 48h, réintubation), rénales (insuffisance rénale), neurologiques (AVC, coma), septiques (choc, infection du site opératoire), thromboemboliques.
Cette étude comme d'autres auparavant, montre que le risque de mortalité et de morbidité est plus important en cas de transfusion sanguine peropératoire. Mais l’imputabilité de ce risque supplémentaire de complications ne peut en l’état être attribuée clairement aux effets liés à la transfusion ou à ceux résultant des pertes sanguines.
La transfusion est un acte courant mais qui ne doit pas être banalisé et doit attirer l’attention du clinicien en terme de « ciblage » de population à risque plus élevé de complications postopératoires avec un impact sur la mortalité et la morbidité.