Lhôpital Sainte-Justine, à Montréal, au Canada, a dû se tourner vers la justice, il y a trois semaines, pour pouvoir donner du sang à un bébé malade de 11 mois contre la volonté des parents, un couple de Témoins de Jéhovah. Les témoins de Jéhovah refusent toute transfusion sanguine par conviction religieuse au détriment de leur santé.
Dans cette décision rendue le 15 juillet par le tribunal, la juge Guylène Beaugé, de la Cour supérieure, sest dite convaincue que les transfusions sanguines réclamées savéraient « requises et nécessaires » compte tenu de létat de santé de lenfant, à la veille dune délicate intervention chirurgicale.
Le code civil du Québec prévoit que seul un patient de plus de 14 ans peut refuser de consentir à des soins médicaux. Toutefois, le tribunal peut intervenir, à la demande de l'hôpital, pour forcer la famille à s'y soumettre en cas de nécessité.
Lors de l'audience, le Dr Michel Lallier a témoigné que le bébé était affecté par une « pathologie à létat avancé », dont la nature na toutefois pas été précisée dans le jugement. De surcroît, le bébé présentait un taux dhémoglobine « alarmant » de 80, alors que « la normale se situe entre 120 et 140 ».
Le mèdecin a précisé qu linsuffisance de globules rouges dans le sang entraîne des « risques de complications cardiaques et respiratoires décuplés » lors dune chirurgie. Lavocat du couple, Me Jayden MacEwan, plaidait pour lutilisation dune alternative à la transfusion sanguine, soit lérythropoïétine (EPO), pour rehausser le niveau dhémoglobine du bébé.
Un pédiatre de Sainte-Justine, le Dr Uyen-Phuong Nguyen, a convenu que cette hormone pouvait être utilisée. Cependant, il a fait savoir à la juge que « cela ne contribuera pas à augmenter suffisamment le taux (dhémoglobine de lenfant) » avant lopération.
La juge a donné raison au centre hospitalier universitaire montréalais et a aussi autorisé les médecins de lhôpital à administrer toute transfusion sanguine nécessaire durant les six jours suivant lopération, afin déviter tout risque de complication. En même temps, la Cour a ordonné au personnel médical de faire « tout ce qui est en son pouvoir pour minimiser lutilisation de produits sanguins » sur lenfant et dinformer les parents « chaque fois quune transfusion est donnée ».