Les anticorps produits par l'immunité vis à vis des antigènes érythrocytaires peuvent résulter, soit d'un antigène provenant de globules rouges extérieurs à l'individu (transfusion sanguine, grossesse) ou d'un agent pathogène, on parle alors d'Allo-anticorps; soit des propres globules rouges de l'individu, ce sont alors des Auto-anticorps.
Ces anticorps peuvent être dirigés contre les antigènes de fréquences très différentes, cela permet de distinguer quatre catégories d'anticorps :
- Les anticorps dirigés contre un Antigène de Haute Fréquence (AHF), c'est à dire que plus de 99,9 % de la population possède cet antigène.
- Les anticorps dirigés contre un Antigène de Faible Fréquence (AFF : moins d' 1% de la population le possède). Les patients polytransfusés augmentent leur possibilité de rencontrer un antigène de faible fréquence car transfusés par des CGR de même groupe donc de même population.
- Les anticorps de type HTLA (High Titre Low Affinity) sont caractérisés par une concentration élevée dans le plasma, mais une faible affinité. Ils donnent donc des réactions faibles et variables vis à vis d'antigènes de haute fréquence et reproductibles après dilution de sérum de 1/256 ou 1/512. Une inefficacité des techniques d'élution et d'adsorption survient dans certains cas.
- D'autres anticorps sont dirigés vis à vis d'antigènes de fréquences très variables.
L'apparition d'un anticorps chez un individu est très variable et dépend de plusieurs facteurs. En cas de transfusion de globules rouges compatibles au niveau ABO-RH1, le risque d'allo-immunisation serait lié essentiellement à la différence éthnique entre le donneur et le receveur, présentant un polymorphisme antigénique différent.
En France, les patients drépanocytaires, essentiellement d'origine afro-antillaise, ont une fréquence d'immunisation d'environ 30% lorsque le don de sang provient d'un donneur caucasien, alors qu'elle n'est que de 6% avec des donneurs d'origine africaine. La différence phénotypique entre donneurs d'origine caucasienne et patients d'origine afro-antillaise est clairement établie.
L'influence de l'origine des donneurs et des receveurs dans l'allo-immunisation a également été démontrée en Italie et en Grèce, où les patients thalassémiques avaient une fréquence d'immunisation de 5 à 10% alors que les thalassémiques d'origine asiatique ont une fréquence d'immunisation de 21%.
Le second facteur influençant le risque d'allo-immunisation est le nombre de transfusions sanguines réalisé. Cette notion est en train d'être remise en question.