Les patients d'hématologie et d'oncologie sont souvent transfusés
Transfusion sanguine

Transfusion : onco-hématologie

Transfusion dans les hémopathies malignes


L'anémie dans les hémopathies malignes est multifactorielle :

  • envahissement médullaire lié à la maladie hématologique
  • toxicité médullaire secondaire au traitement par chimiothérapie ou radiothérapie
  • incapacité de la moelle à augmenter suffisamment la production érythroïde du fait de la rétention du fer par le système macrophagique, de la production inappropriée d'EPO et de la diminution de la réponse médullaire à la stimulation par l'EPO
  • carence martiale ou vitaminique dans un contexte de saignement au long cours, de dénutrition importante et/ou d'entéropathie exsudative
  • saignements aigus
  • hémolyse, hypersplénisme

 

Dans ces cas d'anémies, la décision du choix de la transfusion sanguine de Concentré de Globules rouges (CGR) dépend de la rapidité d'installation de l'anémie. La survenue rapide de l'anémie doit être compensée rapidement afin de maintenir une hémoglobine à 8g/dL chez les adultes et 10g/dL chez les enfants ou les adolescents. Chez les drépanocytaires en bonne santé, le taux de 6g/dL est suffisant. Alors que si l'anémie est progressive, la transfusion sanguine sera réalisée seulement en cas de signes cliniques de l'anémie et des possibilités d'aggravation de l'anémie. Dans tous les cas, il faut éviter de multiplier inutilement les transfusions sanguines de CGR afin de limiter les complications liées à la surcharge en fer due aux transfusions.

 

Transfusion dans les cancers


L'anémie chronique est une complication courante chez les patients atteints d'un cancer à un stade avancé ou après des chimiothérapies agressives. La transfusion intervient généralement à partir de 8g/dL avec signes cliniques d'anémie : asthénie, dyspnée, retentissement sur l'oxygénation cérébrale et la fonction cardiaque. Les transfusions de sang ont donc pour but de faire disparaitre cette symptomatologie.

Les cancers du poumon requièrent des transfusions plus souvent que les autres cancers, du fait de l'insuffisance respiratoire que le cancer induit. L'âge est également un facteur conduisant à une transfusion de sang. En effet, au-delà de 65 ans, l'anémie est moins bien supportée.

 

Transfusion en hématologie et en oncologie pédiatriques


L'anémie chez les enfants a les mêmes causes que chez l'adulte, mais le traitement sera plus précoce avant même l'apparition des symptômes de l'anémie du fait de l'évolution aiguë des cancers pédiatriques.

L'utilisation de la transfusion sanguine est systématique chez tous les enfants atteints d'hémopathie maligne ou de tumeur solide (sauf pour les leucémies myéloïdes chroniques de type adulte et lors de tumeurs malignes pédiatriques sans chimiothérapie).

 

Patients atteints de drépanocytose


La transfusion sanguine est l'une des composantes du traitement proposé à ces malades. Deux types de transfusion peuvent être mis en œuvre : la transfusion simple ou l'échange érythrocytaire. La transfusion simple est appliquée lorsque le patient présente une anémie mal tolérée. Par contre, l'échange transfusionnel est utilisé lorsqu'il faut réduire la viscosité sanguine due aux hématies falciformes, améliorer le transport de l'oxygène et prévenir le défaut de perfusion des tissus. Le but est de diminuer le nombre de drépanocytes en les remplaçant par les hématies des donneurs.

La décision de réaliser une transfusion de Concentré de Globules Rouges (CGR) simple ne dépend pas d'un seuil. Elle doit être réalisée dans le cas d'une anémie mal tolérée, notamment lors d'un syndrome thoracique aigu avec anémie, éryhtroblastopénie et aggravation aiguë de l'anémie. Les échanges transfusionnels sont indiqués dans les situations d'urgence : accident vasculaire cérébral, syndrome thoracique aigu sévère ou résistant au traitement, défaillance multiviscérale.

Il n'est pas recommandé de mettre en œuvre des transfusions simples ou des échanges transfusionnels dans les cas suivants :

  • anémie chronique stable
  • infections non compliquées
  • crises douloureuses non compliquées
  • traitement médical de l'ostéonécrose aseptique de la hanche ou de l'épaule
  • petite chirurgie ne nécessitant pas d'anesthésie générale prolongée

 

La multiplication des transfusions de sang durant des années conduit souvent à l'immunisation du patient vis-à-vis des hématies transfusées. Ces immunisations fréquentes conduisent à des difficultés dans la sélection de concentrés de globules rouges compatibles.

 

Patients atteints de thalassémie


A cause d'une réduction ou d'absence de synthèse d'une ou plusieurs des chaines de globine, les patients thalassémiques sont atteints d'une anémie qui résulte de la destruction des globules rouges dans l'organisme et d'une érythropoïèse inefficace.

La gravité de l'anémie des formes majeures de bêta-thalassémies nécessite une thérapeutique transfusionnelle régulière (toutes les 3 à 5 semaines en fonction des objectifs) afin de maintenir un taux d'hémoglobine entre 9 et 10,5 g/dL.

 

Transfusion en cas d'allogreffes ou autogreffes


L'anémie chez des patients en attente de greffe de cellules souches hématopoïétiques est la conséquence d'une chimiothérapie intense et bien souvent d'irradiation corporelle totale. La greffe de cellules souches hématopoïétiques a pour but de permettre la repopulation érythroïde de la moelle.

Les transfusions de sang doivent permettre de maintenir une hémoglobine au-dessus de 8 g/dL. L'irradiation des produits sanguins labiles doit permettre la prévention de la GVH (réaction du greffon contre l'hôte) post-transfusionnelle. 

 

Transfusion de concentré de plaquettes


Le seuil de Transfusion de plaquettes doit être modulé en fonction des facteurs de risque :

  • 10 G/L si aucun facteur de risque
  • 20 G/L si fièvre ≥ 38,5°C, infection, hypertension artérielle, mucite de grade ≥ 2, lésion à potentiel hémorragique, cinétique de décroissance rapide de la numération plaquettaire en 72 heures.
  • 50 G/L si coagulation intravaculaire disséminée - fibrolyse, si geste invasif, si traitement anticoagulant.

Chez le patient thrombopénique (< 20 G/L) sous antiagrégant, la transfusion de plaquettes n'est pas justifiée en prévention cardio-vasculaire primaire. En cas d'atteinte cérébro-vasculaire, le traitement antiplaquettaire peut ne pas être poursuivi.

Dans les situations suivantes, la transfusion de plaquettes est soit inutile, soit contre-indiquée :

  • Hypersplénisme sauf en cas de syndrome hémorragique mettant en jeu le pronostic vital
  • Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) : le traitement de la CIVD repose avant tout sur le traitement de la cause. La transfusion de plaquettes est réalisée lorsque la thrombopénie et les manifestations hémorragiques sont au premier plan.
  • Purpura thrombopénique auto-immun : il n'est pas recommandé de transfuser des plaquettes en dehors d'hémorragie mettant en jeu le pronostic vital.
  • Thombopénie médicamenteuse : La transfusion de plaquettes n'est recommandée qu'en cas de thrombopénie sévère avec manifestations hémorragiques mettant en jeu le pronostic vital.
  • Micro-angiopathie thrombotique : La transfusion de plaquettes est contre-indiquée sauf en cas de syndrome hémorragique mettant en jeu le pronostic vital ou en cas d'actes invasifs indispensables.
  • Purpura post-transfusionnel hémorragique mettant en jeu le pronostic vital : le traitement actuel repose sur la perfusion d'immunoglobulines polyvalentes en intraveineuse.